29 août, 2009

Rivalités à Venise

Tiziano Vecellio, dit Titien (1488/90-1576), Vénus au miroir, Huile sur toile, 1, 25 x 1, 05 m, National Gallery of Art, Washington, Andrew W. Mellon Collection, Inv. 1937.1.34 © Courtesy Board of Trustees of The National Gallery of Art, Washington


Cette fabuleuse exposition prendra bientôt l'affiche au musée du Louvre (17 septembre 2009 au 4 janvier 2010). Voici en guise de présentation quelques extraits du communiqué de presse.


Titien, Tintoret, Véronèse… Rivalités à Venise

Événement au musée du Louvre : les plus grands peintres de Venise au XVIe siècle se donnent rendez-vous dans le Hall Napoléon pour une exposition révélant à travers leurs œuvres les rapports d’émulation ou de compétition qu’ils entretenaient. Composée de quatre-vingt-cinq tableaux, pour la plupart des chefs-d’oeuvre prêtés par les musées les plus prestigieux du monde, l’exposition entend éclairer cette noble rivalité en comparant des peintures de même sujet ou de sujet équivalent afin de montrer combien les artistes se sont influencés ou, au contraire, ont divergé pour proposer une vision personnelle d’un thème. Si Titien, peintre officiel de la République, domina toujours la scène, l’arrivée de nouvelles générations - Bassano, Tintoret, Véronèse, Palma le Jeune - et l’influence des évolutions artistiques de l’Italie centrale, entraînèrent des solutions originales dans le traitement des sujets chers aux Vénitiens dans la seconde moitié du XVIe siècle. « Parce qu’il avait en face de lui Véronèse, Tintoret dut apporter un soin particulier à ces peintures, car la présence d’un rival sert parfois de stimulant, dans la mesure où l’artiste met un point d’honneur à ne pas être surpassé. » Ce qu’écrit Carlo Ridolfi en 1642 est loin de concerner les seuls Tintoret et Véronèse. Tout en cherchant chacun sa propre voie, les grands artistes vénitiens de l’époque modèlent leurs parcours en fonction de celui des autres, au premier rang desquels figure, bien entendu, le maître incontesté que reste Titien. La concurrence joue donc un rôle majeur dans la création et le renouvellement de la peinture à Venise. Le régime politique très particulier de la République de Venise et sa structure sociale favorisent grandement la diversité artistique. La présence de nombreuses familles riches, nobles ou pas, l’importance de l’Eglise, en pleine Contre-Réforme, et le réseau des puissantes confréries, dites scuole, multiplient les opportunités de travail pour les artistes, dans un contexte où une vraie liberté préside à l’attribution des commandes. Obtenir de travailler pour ces différents mécènes entretient donc à Venise, peut-être plus qu’ailleurs encore, une rivalité constante entre les peintres. Cette rivalité va jusqu’à s’inscrire dans le cadre de concours organisés pour les commandes les plus prestigieuses, à l’instar de ce qui se fait aujourd’hui pour les grands projets d’architecture. Ce fut notamment le cas pour le décor de la Bibliothèque Marciana, de la Scuola di San Rocco et, le plus important de tous, de la tribune du Doge dans la Salle du Maggior Consiglio du palais des Doges. Les artistes vénitiens sont par ailleurs confrontés, en cette seconde moitié du XVIe siècle aux nouveautés et donc aux défis apportées par le maniérisme. L’exposition se propose de faire le point sur cet aspect peu connu de la peinture vénitienne et sur ce qui a conduit les artistes de la lagune à opérer une synthèse unique adaptant le maniérisme de l’Italie centrale à leur vision naturaliste du monde.

L’exposition souhaite montrer, dans un parcours à la fois chronologique et thématique, l’évolution de la peinture lagunaire après 1540. A travers un choix de thèmes communs particulièrement chers aux Vénitiens du « siècle d’or », sont confrontées les créations des principaux peintres de Venise jusqu’à la fin du siècle. Le visiteur est ainsi conduit à s’interroger sur les différentes formes d’expression d’un art dominé par le plaisir de la peinture (goût de la matière et du coloris), sa propension naturaliste et la conjonction entre le Sacré et le Profane. La période couverte est particulièrement intéressante, parce qu’elle correspond à ce moment singulier où trois grands maîtres travaillent en même temps sur les sujets alors à la mode : Titien génie inventif, dont le style de vieillesse déroute par son renouvellement constant ; Tintoret génie dynamique, qui mûrit un art d’une énergie surhumaine ; Véronèse génie décoratif, dont la palette et la sérénité apolliniennes ont fasciné tous les artistes jusqu’au XXe siècle. Evoquant la situation de la peinture dans la Sérénissime entre 1540 et 1550, soit peu avant l’arrivée de Véronèse (1553), l’introduction de l’exposition rend compte de la suprématie de Titien et de l’ascension de Tintoret. Elle met en relation des oeuvres de ces deux artistes avec d’autres du jeune peintre de Vérone, dont on peut alors comprendre ce qui a retenu l’attention des commanditaires qui le font venir à Venise. Cette section permet de dresser un constat stylistique sur l’école vénitienne à travers la production de ces trois « grands ». Des chefs-d’oeuvre de Titien, alors en pleine maturité, accueillent les visiteurs, dont la Danaé et le Portrait du pape Paul III, tête nue (tous deux : Naples, Museo e Gallerie Nazionali di Capodimonte), accompagnés de tableaux de jeunesse de Tintoret et de Véronèse.


Informations pratiques :
Lieu : Musée du Louvre, Hall Napoléon
Horaires : ouvert tous les jours, sauf le mardi, de 9h à 18h, jusqu’à 20h le samedi et jusqu’à 22h les mercredi et vendredi.
Tarification :
Billet spécifique pour l’exposition Titien, Tintoret, Véronèse… Rivalités à Venise : 11 euros
Billet jumelé (collections permanentes + exposition Titien, Tintoret, Véronèse…Rivalités à Venise ) : 14 euros avant 18h, 12 euros après 18h les mercredi et vendredi
Renseignements : http://www.louvre.fr/

5 commentaires:

  1. Merci pour cette information. J'ai vu au musée de Capodimonte les extraordinaires tableaux du Titien, mon préféré des peintres cités dans l'article. J'en ai vu d'autres à Venise et cette exposition me paraît fascinante.
    "Le Titien, le plus grand des peintres occidentaux pour la célébration de la chair féminine", écrivait Alain Buisine.
    Anne

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  2. Du coup Venise perd beaucoup de tableaux non ?

    Mauvais timing pour la biennale, enfin pour moi surtout.

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  3. Compte sur moi pour en parler à mon retour de Lozère. Compte aussi sur moi pour te faire entrer gratuitement au Louvre à ton prochain passage sur Paris!

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  4. Helkarava: Il est possible que cette expo emprunte quelques tableaux à Venise (je ne connais pas précisément la liste),mais si c'est le cas, ça fait un moment car cette expo à d'abord eu lieu à Boston. De toute manière, ce ne sont pas les belles choses qui manquent à Venise! ;)
    Pourquoi mauvais timing pour la Biennale?

    JMV: J'ai bien hâte de lire ton compte rendu! Merci pour l'invitation! Profite bien de tes vacances.
    à+

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  5. Que de mélodies différentes dans ces trois noms là
    Titien finesse d'un humour subtile
    Tintoret l'assise iconique du détail
    Véronèse le diapason des couleurs...Merci de ces informations une sorte de rayon de soleil...laurence

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