Plafond peint par D. Tiepolo: S. Leone in gloria ed esaltazione della Croce Fresques par Giambattista Tiepolo sur le plafond des Gesuati.
J'ai lu la semaine dernière un petit essai descriptif d'Alain Buisine intitulé Les ciels de Tiepolo. Un texte très agréable à lire, comme d'ailleurs la plupart des livres de cet auteur (cf. Dictionnaire amoureux et savant des couleurs de Venise, Cènes et banquets de Venise pour ne citer que ceux que j'ai déjà lus.
Voici la quatrième de couverture:
Toute notre modernité a pris la fort mauvaise habitude de systématiquement dramatiser la création, de la penser comme nécessairement dramatique. Tout devrait toujours mal finir, très mal finir quand on est un créateur. Depuis le poète maudit du XIXe siècle, clochard et alcoolique, jusqu’au romancier contemporain mort du sida, depuis l’automutilation et le suicide du peintre jusqu’à la folie du peintre interné, tout doit toujours en passer par la souffrance et le tragique, qui confirment et signe l’authenticité de l’œuvre d’art. Nous n’imaginons plus la création que traversée par la fêlure travaillée par la perte et la négativité. Créer pour s’anéantir, s’anéantir pour créer. Un artiste heureux apparaît toujours vaguement soupçonnable et coupable, et, pour tout avouer, peu crédible. Il manque de profondeur. Dans cette perspective, le Vénitien Giambattista Tiepolo est le pire artiste qu’on puisse imaginer.
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Je suis littéralement bouleversée car je viens d'apprendre, en faisant des recherches, que cet auteur nous a quitté le 2 juillet dernier! Je n'en crois pas mes yeux. À peine quelques lignes dans le carnet du Monde:
L'écrivain Alain Buisine est mort jeudi 2 juillet à l'âge de 60 ans.
Professeur à l'université Lille-III, il avait publié des ouvrages éclairés sur
Marcel Proust, Jean-Paul Sartre, Paul Verlaine et Pierre Loti. Mais aussi un
hommage au photographe Eugène Atget, artiste de la mélancolie, dans lequel il
osait dire le peu d'estime que lui inspiraient Ronis, Boubat, Doisneau ou
Cartier-Bresson (ed. Jacqueline Chambon), ainsi que des essais sur Le Grand
Meaulnes, d'Alain Fournier, ou sur Joris-Karl Huysmans. Il est l'auteur d'un
très bel ouvrage, L'Orient voilé, dans lequel il explore les beautés et les
interdits de l'Orient, ses paysages et ses femmes, à travers Gérard de Nerval,
Gustave Flaubert, Clérambault, Paul Bowles, Edgar P. Jacobs, Pierre Loti,
Isabelle Eberhardt (ed. Zulma).
Je reparlerai de cet auteur dans les semaines à venir. Pour le moment, j'encaisse cette triste nouvelle.
Comme vous, je suis désolée d'apprendre la mort de cet auteur que j'aime beaucoup (et je pense que nous sommes très nombreux à l'apprécier). Merci de lui rendre hommage dans votre publication à côté des oeuvres de Tiepolo, il le mérite. Ce qu'il dit sur la dramatisation de l'art est très bien observé.
RépondreSupprimerAnne
Je ne savais pas qu'Alain Buisine était décédé,par pur chauvinisme j'avais lu en priorité ses écrits concernant Loti,lequel passa quelques été dans "la petite ville singulière" de notre vallée où les rivières "traçaient çà et là des lacets d'argent" comme il disait
RépondreSupprimerBien triste
Si vous aimez Loti je vous conseille ce livre Du Givre sur les Epaules
ouïe " quelques étés" cela ira mieux
RépondreSupprimerDommage que Blogger ne permette pas de revenir sur nos messages afin de corriger nos coquilles!
RépondreSupprimerJe n'ai encore jamais lu de Loti. Faudra remédier à ça...
Bonne journée à vous deux.
Tu me donnes envie de lire son livre. J'adore cette quatrième de couverture et cette présentation de Tiepolo. Ça tombe bien, je vais au Louvre ce soir, j'achèterai son ouvrage. Barthes disait aussi que Voltaire était "le dernier des écrivains heureux", et ce n'est pas un hasard s'il est aussi un de mes écrivains préférés!
RépondreSupprimerSalut JM,
RépondreSupprimeron trouve plusieurs des livres de Buisine dans la sympathique librairie Compagnie (58 rue des Écoles, 5e), le personnel y est très aimable. J'y retourne à chacun de mes passages à Paris.
Tu dois être au courant de la superbe expo qui s'en vient au Louvre, celle sur Tintoret, Titien et Véronèse (je crois). Je compte bien la visiter en décembre!
Bonne journée,
à+
AnnaLivia
Petite précision Du Givre sur les épaules n'est pas de Pierre Loti mais de Lorenzo Mediano,mais c'est un peu la même atmosphère
RépondreSupprimerOui, j'attends cette expo avec impatience! Compte sur moi pour en parler dès les premiers jours, comme l'an dernier pour l'expo Mantegna! En attendant, je vais voir ce soir l'expo Breguet. Et je n'aurai pas le temps d'aller chez Compagnie (que je connais bien) ni chez Gibert d'ailleurs (où j'ai pourtant vu en occasion la semaine dernière le livre de Buisine). Bonne journée et à bientôt, JM
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