Le 7 mai, en fin d’après-midi, alors que j’arpentais les longues
fondamente du nord de Cannaregio, j’ai décidé d’entrer dans le
Grand Hotel dei Dogi et de demander à l’accueil si je pouvais visiter le jardin que je ne connaissais que par les livres. Mon souhait fut accordé et j’ai pu explorer les sentiers de ce grand jardin qui va jusqu’à la lagune. Un vrai rêve qui devenait réalité. Lorsqu’on marche sur la
fondamenta et qu’on passe devant le palais Rizzo Patarol, on est loin d’imaginer ce qui se trouve derrière!
« Le palais Rizzo Patarol fut à une époque le siège de l’ambassade de Savoie, puis de l’ambassade de France. Il fut ensuite transformé en couvent, avant de devenir le luxueux Grand Hotel dei Dogi. […] Ce jardin, référence incontournable des historiens, des botanistes et des spécialistes, qui le citent comme « une des singularités de Venise à recommander aux promeneurs », a toujours eu pour vocation de rassembler des plantes rares et insolites. Lorenzo Patarol fut le premier, au début du XVIIIe siècle, à prendre la décision d’établir un jardin botanique dans ce lieu reculé, alors planté de potagers. Homme de grande culture et collectionneur notoire, auteur d’un Herbier conservé au musée Correr, il divisa l’espace en parcelles en se référant à la classification du botaniste français Tournefort. » (p.23 Jardins secrets de Venise)
« Francesco Rizzo Patarol, neveu de celui-ci, eut à cœur de poursuivre cette mission scientifique. Il organisa le jardin selon le système de Linné, l’enrichissant à tel point qu’il y avait « environ six cents espèces d’arbres et d’arbustes poussant à l’air libre, presque toutes exotiques, récentes et rares, et environ cent quatre-vingts variétés de roses des plus exquises […]. Le lieu était tellement prisé et original qu’il reçut, en 1815, la visite de l’empereur François 1er d’Autriche, qui put admirer sa composition dix-huitièmiste avec, en toile de fond, une jolie loggia tournée vers la lagune. » (p.26 ibid)
« Au début du XIXe siècle, le nouveau propriétaire, Giovanni Correr, transforma radicalement le jardin en s’inspirant de la mode romantique répandue en Vénétie. […] D’étroits et sinueux sentiers furent dessinés entre les plantes, des rochers et de petits terre-pleins furent reliés entre eux par de fines passerelles, qui donnaient l’illusion d’un espace plus vaste. À l’abri d’un mur d’enceinte crénelé, on construisit un monticule, où furent placés quelques vestiges archéologiques, et à l’intérieur duquel on creusa une grotte fraîche où les vins fins sont aujourd’hui encore conservés. » (p.27, ibid)
Haut de la glacière
Vers la loggia
Aperçu de la lagune
Lagune
À lire :
I giardini di Venezia : guida per Veneziani distratti, forestieri illuminati e giardini appassionati, Tamari Montagna Ed. E Wigwam Club Giardini Storici Venezia, 2003, p.90-95.
Secret Gardens in Venice, Arsenale Ed., p.88.
Jardins secrets de Venise, Flammarion, p.22-27.
Venise insolite et secrète, Éd. Jonglez, p.215.