Ma lecture du moment, Chronique vénitienne de Daniel Ménager, m'amène à
parler de quelques lieux et de certains personnages.
Voici le résumé:
Dans « Venise la rouge », rien ne bouge, du moins en apparence. La cité, à la fin du XVIe siècle, a perdu de son importance. Elle se contemple dans ses fastes immuables. L'ambassadeur de France est désœuvré. Il passe une partie de son temps avec un moine aussi ardent que savant, Paolo Sarpi. Il a lié amitié avec le doge, Alvise Mocenigo, et sa fille adoptive, Emilia. Autour d'elle, de jeunes patriciens veulent tirer de sa torpeur la Sérénissime. Leur agitation reste étrangère à Emilia, qui est d'abord amoureuse de l'un d'eux, Leonardo Dona. Les deux jeunes gens préféreront cependant rester à distance l'un de l'autre. Un petit tableau du palais de Mocenigo les a convaincus que la sérénité de cette amitié amoureuse était ce qui leur convenait le mieux. La distance alliée à la proximité est aussi au centre de la piété de Samuel, l'ami juif de Sarpi et d'Emilia. Ni la peste, ni la persécution ne parviendront à l'ébranler. Il vit sa réclusion dans un couvent de dominicains comme une divine aubaine. L'amour, la politique et la religion se croisent et se recroisent dans ce roman qui est aussi un hommage à la beauté intérieure de Venise.
Quelques personnages rencontrés au fil de la lecture: Paolo Sarpi, Leonardo Donà, Arnaud du Ferrier (l'ambassadeur de France), le doge Alvise 1er Mocenigo, Gaetano Cozzi, Nicolo Contarini, Henri III...
Palazzo Donà delle Rose construit vers 1610 à la
demande du doge Leonardo Donà. Certains chercheurs disent
qu'il aurait été dessiné par Paolo Sarpi, un ami proche du doge.
J'ai eu l'occasion d'y entrer en septembre dernier car il accueillait un
événement de la Biennale. On peut voir dans l'atrio deux fanò provenant
de la galea de casata présente durant la bataille de Lepante (1571).
Monument à Paolo Sarpi, oeuvre de Emilio Marsili (1892) se trouvant
au centre du petit campo de Santa Fosca à Cannaregio.
Campo Santa Fosca
Pont au pied duquel Sarpi a été poignardé et laissé pour mort le 5 octobre 1607. "Sarpi s'opposa toujours aux ingérences de l'Église catholique. Il défendit Venise au risque de sa propre vie lorsqu'en 1606 Rome frappa la ville d'interdit. Après l'attentat, le moine dénonça le pape en affirmant, en latin, qu'il avait bien reconnu le stylus (le style, mais aussi le stylet, ou lame) de la Curie Romaine." (guide Gallimard, p.145)
À propos du pont: remarquez les traces de pieds aux quatre coins, ce pont était surnommé Ponte della Guerra di Santa Fosca car il était un des lieux d'affrontement entre les Nicolotti et les Castellani, comme le pont dei Pugni dans le Dorsoduro.
Entrée du complexe des Servi, où Fra Paolo Sarpi a vécu et où il a été inhumé après sa mort le 15 janvier 1623. Ses restes ont été conservés dans l'église des Servi jusqu'à la destruction de cette dernière, puis transférés à San Michele.
Tableau d'Andrea Vicentino représentant l'accueil fait à Henri III à son arrivée à Venise en juillet 1574.
Sur Sarpi: http://www.e-venise.com/religion/paolo-pietro-sarpi-venise.htm
Article sur la découverte de l'os du bras droit de Sarpi dans l'Istituto Veneto di Scienze, Lettere ed Arti
Superbe, Livia !
RépondreSupprimerDes histoires comme on en redemande...
"...il braccio che...aveva scritto pagine di fuocco contra Roma..."
dit l'article dont tu mentionnes la référence.
Merci pour ce billet, vraiment très intéressant.
RépondreSupprimerA bientôt.
Merci AnnaLivia pour tous ces documents très intéressants.
RépondreSupprimerJ'aime ce nom de "Venise la Rouge", cela me fait penser aux titres utilisés sur les BD...parce qu' il y a aussi les Jhen, Vasco et autres qui parlent d'histoire vénitienne, avec des dessins superbes ! Cette semaine j'ai revu "le Marchand de Venise" et "La courtisane" ...
Merci pour votre publication toujours précise et bien documentée. C'est un plaisir de vous lire.
RépondreSupprimerAnne
Encore un joli parcours vénitien, bien documenté, cela m'a fait commander le livre, les étagères de "la biblio spécial Venise" accueilleront ainsi un nouveau venu. Merci Anna Livia, au prochain.
RépondreSupprimerBonne journée.
Nous étions juste à côté de la statue, à l'hôtel Minerva, à Canareggio, pour le réveillon du jour de l'an.
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