28 mai, 2009
Voyage à Paris
27 mai, 2009
26 mai, 2009
24 mai, 2009
Lagune nord (suite)
En chemin vers Murano sur une lagune plutôt houleuse...
23 mai, 2009
21 mai, 2009
Venise vue de ma fenêtre...
20 mai, 2009
Venise Proust Fortuny
Il écrit à André Gide : « Venise ne s’en est pas moins inscrite en moi, et je goûte encore, à me souvenir d’elle, un plaisir prorogé. »
Venise traverse la Recherche du début à la fin. Proust n’y est seulement allé que deux fois. La première, fin-avril début-mai 1900, en compagnie de sa mère. Puis il y retournera seul en octobre de la même année. Avant son voyage, Proust a lu Les pierres de Venise de Ruskin, livre qu’il aura d’ailleurs en main lors de ses promenades vénitiennes. Proust et sa mère descendent au Danieli. Il y retrouve son ami Reynaldo Hahn. Il faut les imaginer en gondole alors que Hahn chante ses mélodies et récite des vers de Musset mis en musique par Gounod! C’est d’ailleurs Hahn, dont la sœur a épousé l’oncle de Mariano, que Proust sera invité au palazzo Martinengo chez Madame Cecilia y Madrazo, la mère de Mariano Fortuny. Peut-être a-t-il, comme Henri de Régnier, vu la collection d’étoffes anciennes de Madame de Madrazo. Régnier relate cette expérience dans un texte intitulé « Veduta di Venezia » (in La vie vénitienne, p.79-81). Les tissus de Fortuny sont un autre motif qui traverse le roman proustien.
Quelques extraits de la Recherche
« Pour les toilettes, ce qui lui plaisait surtout à ce moment, c’était tout ce que faisait Fortuny. Ces robes de Fortuny, dont j’avais vu l’une sur Mme de Guermantes, c’était celles dont Elstir, quand il nous parlait des vêtements magnifiques des contemporaines de Carpaccio et du Titien, nous avait annoncé la prochaine apparition, renaissant de leurs cendres, somptueuses, car tout doit revenir comme il est écrit aux voûtes de Saint-Marc, et comme le proclament, buvant aux urnes de marbre et de jaspe des chapiteaux byzantins, les oiseaux qui signifient à la fois la mort et la résurrection. […] ces robes de Fortuny, fidèlement antiques mais puissamment originales, faisaient apparaître comme un décor, avec une plus grande force d’évocation même qu’un décor, puisque le décor restait à imaginer, la Venise tout encombrée d’Orient où elles auraient été portées, dont elles étaient, mieux qu’une relique dans la châsse de Saint-Marc évocatrice du soleil et des turbans environnants, la couleur fragmentée, mystérieuse et complémentaire. Tout avait péri de ce temps, mais tout renaissait, évoqué pour les relier entre elles par la splendeur du paysage et le grouillement de la vie, par le surgissement parcellaire et survivant des étoffes des dogaresses. »
«Vous pourrez peut-être bientôt, lui dit Elstir, contempler les étoffes merveilleuses qu’on portait là-bas. On ne les voyait plus que dans les tableaux des peintres vénitiens, ou alors très rarement dans les trésors des églises, parfois même il y en avait une qui passait dans une vente. Mais on dit qu’un artiste de Venise, Fortuny, a retrouvé le secret de leur fabrication et qu’avant quelques années les femmes pourront se promener, et surtout rester chez elles dans des brocarts aussi magnifiques que ceux que Venise ornait, pour ses patriciennes, avec des dessins d’Orient. Mais je ne sais pas si j’aimerai beaucoup cela, si ce ne sera pas un peu trop costume anachronique, pour des femmes d’aujourd’hui, même paradant aux régates, car pour en revenir à nos bateaux modernes de plaisance, c’est tout le contraire que du temps de Venise, «Reine de l’Adriatique». Le plus grand charme d’un yacht, de l’ameublement d’un yacht, des toilettes de yachting, est leur simplicité de choses de la mer, et j’aime tant la mer. Je vous avoue que je préfère les modes d’aujourd’hui aux modes du temps de Véronèse et même de Carpaccio. »
« C’était justement celui où Albertine avait revêtu pour la première fois la robe de chambre bleu et or de Fortuny qui, en m’évoquant Venise, me faisait plus sentir encore ce que je sacrifiais pour elle, qui ne m’en savait aucun gré. Si je n’avais jamais vu Venise, j’en rêvais sans cesse, depuis ces vacances de Pâques qu’encore enfant j’avais dû y passer, et plus anciennement encore, par les gravures de Titien et les photographies de Giotto que Swann m’avait jadis données à Combray. La robe de Fortuny que portait ce soir-là Albertine me semblait comme l’ombre tentatrice de cette invisible Venise. Elle était envahie d’ornementation arabe, comme les palais de Venise dissimulés à la façon des sultanes derrière un voile ajouré de pierres, comme les reliures de la Bibliothèque Ambrosienne, comme les colonnes desquelles les oiseaux orientaux qui signifient alternativement la mort et la vie, se répétaient dans le miroitement de l’étoffe, d’un bleu profond qui, au fur et à mesure que mon regard s’y avançait, se changeait en or malléable par ces mêmes transmutations qui, devant la gondole qui s’avance, changent en métal flamboyant l’azur du grand canal. Et les manches étaient doublées d’un rose cerise, qui est si particulièrement vénitien qu’on l’appelle rose Tiepolo. »
À lire :
Gérard Macé. Le Manteau de Fortuny, Gallimard, 1987.
Gilbert Lascault. Voyage à Venise : Sur les pas de Marcel Proust, Éd. Garde-Temps, 2003.
Marcel Proust. À la Recherche du temps perdu.
John Ruskin. Les Pierres de Venise.
Jean-François Cherrier. Proust et la photographie. La résurrection de Venise, Éd. l’Arachnéen, 2009
Marcel Proust: l'écriture et les arts. Gallimard/B.N.F./R.M.N.
18 mai, 2009
Autour de San Giacomo dall'Orio (suite)
Palazzo Pemma-Zambelli
Autour du campo, on peut voir le palais Pemma-Zambelli dont la particularité réside dans le fait que les montants de ses fenêtres ne sont pas droits mais inclinés de manière à ce que le fenêtres soient orientées vers la calle Larga et non pas vers l’église.
Corte Zambelli
Corte del Tagiapiera
Le pittoresque campo San Boldo est bordés de façades et de jardins (cachés derrière de hauts murs…). On y accède par un petit pont qui franchit le rio en diagonale et qui donne sur le palazzo Grioni-Businello. À la droite du palais, on trouve le campanile «décapité» de l’église Sant’Ubaldo (San Boldo). Cette église, qui porta d'abord le nom de Sant'Agata, fut fondée vers 1088. Elle brûla en 1105 puis sera remaniée et agrandie en 1305. Elle sera rasée en 1735 pour être reconstruite en quatre ans selon des plans de Giorgio Massari. Enfin, elle sera fermée en 1808 et détruite en 1826 (ou 1828).
Vers le Campo San Boldo, fondamenta del Parucheta
Campo San Boldo et Palazzo Grioni-Businello
Rio San Boldo
17 mai, 2009
Autour de San Giacomo dall'Orio
13 mai, 2009
Maurice Prendergast (1858-1924)
Prendergast naît à St-Johns (Terre-Neuve, Canada) en 1858 mais peu de temps après sa naissance, sa famille ira s’installer à Boston où il grandira. De 1891 à 1894, il étudie à Paris notamment à l’atelier Colarossi et à l’Académie Julian où il fera la connaissance du peintre canadien James Wilson Morrice. Il revient en Amérique imprégné de multiples influences, notamment celles de Manet, de James McNeill, de Degas, de Bonnard et de Vuillard. Il fut un des premiers Américain à apprécier et à comprendre l’art de Cézanne. Les aquarelles qu’il effectuera en Italie en 1898 contribueront à le faire connaître et à lui donner une certaine renommée. Il retournera en Italie en 1911 où il produira une série d’aquarelles présentant des ponts et des canaux vénitiens.
Pour en savoir plus :
http://www.mauricebrazilprendergast.org/
Expo «Prendergast in Italy» au Musée Guggenheim du 9 octobre 2009 au 3 janvier 2010.
10 mai, 2009
07 mai, 2009
Sant'Antonio di Castello
Souvenir de l’église disparue : une margelle de puits, datant de 1547, sur le campo Sant’Isepo sur laquelle on peut voir trois bas-reliefs représentant Saint-Antoine, Saint-Augustin et Saint-Joseph. Le premier évoque l'église, jadis voisine, qui fut détruite en 1809, suite au décret du 7 décembre 1807 de Napoléon, afin de procéder à l’aménagement des Giardini Pubblici. Ce qui en reste aujourd’hui : l’Arco già della Cappella Lando, œuvre attribuée à Michele Sanmicheli qui fut érigée vers 1542 et reconstruite en 1822. L’arc provient de la chapelle Lando de l’église Sant’Antonio di Castello et en est le seul vestige architectural.
Illustration de Luca Carlevarijs
Histoire de l’église et de son couvent
Ils ont été construits en 1346 à l’extrémité de Castello vers l’île de Sant’Elena. Vincenzo et Girolamo Grimani confièrent en 1518, à Tullio Lombardo (1460-1532), la construction de la nouvelle façade de Sant’Antonio di Castello, église qui devait accueillir notamment le monument funéraire du Doge Antonio Grimani et de leur frère Pietro. Lorsque le cardinal Domenico Grimani légua ses livres au couvent, c’est de nouveau à lui que Marino Grimani s’adressa en 1523, pour dessiner la porte de la nouvelle bibliothèque. En 1687, le couvent ainsi que la bibliothèque qu’il abrite sont ravagés par un incendie. Cette bibliothèque avait été offerte par Domenico Grimani et contenait près de 8000 précieux volumes.
Les oeuvres qu'on y trouvait
Polyptique Lion avec Annonciation, Lorenzo Veneziano, Accademia, Venise
Polyptique de Lorenzo Veneziano représentant une Annonciation à la Vierge que l’on peut aujourd’hui voir à l’Accademia. Annunciazione e Santi detto Polittico Lion (œuvre datée de 1357) Dans le Lorenzetti, on apprend que ce tableau était une commande du sénateur Domenico Lion que l’on trouve représenté en prière dans le panneau central du polyptique. On peut déchiffrer la date de 1357, le nom de l’auteur, celui du sculpteur du cadre, Zanino ainsi que celui du fondateur de l’église Sant’Antonio, Giotto degli Abati.
Panneau central du polyptique
Deux toiles de Carpaccio que l’on peut voir à l’Accademia proviennent de cette église :
Crocifissione e apoteosi dei diecimila martiri del Monte Ararat (1515) et Apparizione dei crocifissi del Monte Ararat nella chiesa di Sant'Antonio di Castello (1512-13). L'intérêt de cette toile réside dans le fait qu'elle montre l’intérieur de l’église.
Il y aurait aussi eu deux autres toiles faites pour la cappella del Santo Sepolcro, partie de Sant’Antonio di Castello, une pala col Cristo risorto che appare alle Marie et un telero con la Natività e Adorazione dei Magi. Ces œuvres datant de 1522 sont aujourd’hui disparues.
Crocifissione e apoteosi dei diecimila martiri del Monte Ararat, Vittore Carpaccio, Accademia
Apparizione dei crocifissi del Monte Ararat nella chiesa di Sant'Antonio di Castello, Vittore Carpaccio, Accademia
Le rêve de Francesco Ottobon, prieur de Sant'Antonio di Castello.
En 1511, durant un épisode de peste, Ottobon s'endort dans cette église en priant Dieu pour qu'il protège ses moines des ravages de la peste. Il fait un rêve dans lequel des dizaines de martyres chrétiens portant des croix entrent dans l'église pour être bénis par Saint-Pierre. À la fin de la procession, il entend une voix lui dire que sa communauté serait sauve. Il s'avéra en effet qu'aucun de ses membres ne contracta la peste. En guise de remerciement, il fait ériger un autel de marbre où trônera une des toiles commandées à Carpaccio.
Cette église a notamment accueilli les tombeaux de deux doges. Ceux de Antonio Grimani, mort en 1523 et de Pietro Lando en 1545.
04 mai, 2009
03 mai, 2009
Palazzo Vendramin ai Carmini
Petite découverte comme je les aime... Après avoir traversé le campo dei Carmini et le pont Foscarini, j'ai trouvé la grande porte du Palazzo Vendramin ai Carmini ouverte. Ce palais voisin du Palazzo Foscarini est aujourd'hui un des pavillons de l'Université Cà Foscari. On trouve à l'arrière de ces palais un immense jardin.
« Je connaissais depuis longtemps cet étonnant mezzanino du Palais Vendramin ai Carmini, mais je ne me doutais guère que j'y habiterais un jour. C'est cependant là que, chaque matin, je m'éveille et que, chaque soir, je m'endors de ces sommeils que Venise favorise par ses longs silences nocturnes. » Henri de Régnier