31 octobre, 2010

Marchesa Luisa Casati (1881-1957)

Portrait par Giovanni Boldini (1914)

Portrait par Giovanni Boldini (1908) 

Photo d'Adolph de Meyer (1912)


J’ai choisi de vous présenter un personnage qui fera écho à certaines figures dont j’ai déjà parlé ici (Ernesta Stern, Gabriele d’Annunzio, la Princesse de Polignac…).
Quelques mots pour tenter de la décrire : excentrique, excessive, espèce de dandy féminin, muse, mondaine. Elle souhaitait être « une œuvre d’art vivante ». Elle vécut quelques années à Venise au début du 20e siècle (1910-1914). C’est par Ernesta Stern que la marquise Luisa Casati apprend qu’un palais sur le Grand Canal allait bientôt se libérer. Ce palais momentanément loué par la comtesse de la Baume-Pluvinel pour héberger ses amis, n’était autre que le palazzo Venier dei Leoni, aussi surnommé il palazzo Non Finito.
La Casati l’achète en 1910 et en sera propriétaire jusqu’en 1924.  Elle le fera complètement rénover ainsi que le jardin qui accueillera une véritable ménagerie (pour ne pas dire carrément un zoo!) : on pouvait y rencontrer des oiseaux exotiques (perroquets, merles albinos, paons blancs, deux guépards qu’elle promenait en gondole et au bout d’une laisse incrustée de pierres précieuses sur la Piazza, des lévriers, des singes, des serpents…
Une chose est certaine, elle ne passait pas inaperçue. Elle alla même un jour jusqu’à faire repeindre sa gondole en blanc, «crime» pour lequel les contrevenants étaient jadis condamnés à la prison ou aux galères!
Une muse
Elle aura inspiré plusieurs artistes du début du 20e siècle : des peintres (Giovanni Boldini, Van Dongen, Romaine Brooks, Marinetti, Fortunato Depero, Umberto Boccioni, Alberto Martini, Augustus John…), des photographes (Man Ray, Cecil Beaton, Adolph de Meyer…), des sculpteurs (Giacomo Balla, Jacob Epstein) ainsi que des couturiers et créateurs de bijoux (Fortuny, Léon Bakst, Paul Poiret, Erté, Lalique, Cartier…). Elle aura également inspiré quelques personnages à d’Annunzio (notamment Coré), Maurice Druon (La Volupté d'être), Tennesse Williams, Jack Kerouac.
« Dès août-septembre 1909 – année da la première saison de ses ballets –, Diaghilev revient à Venise, où il s’installe au Grand Hôtel des Bains, qui avait ouvert trois ans plus tôt et deviendra son établissement préféré; il y retrouvera Nijinski et Bakst. Cette fois, ce sera le temps des visites à l’Accademia, à la scuola di San Rocco, mais aussi des mondanités, avec Isadora Duncan ou la marquise Casati, qui , dès son arrivée à Venise, la même année, avait commencé de multiplier les soirées – souvent ordenancées par Bakst –, manants et éclairée a giorno par des esclaves dont on ne pouvait dire qu’ils étaient nus puisque leur corps avaient été recouvert d’or, ou bien en son Palazzo Venier dei Leoni, où un pianiste vêtu seulement d’un turban de brocart et d’un pagne de lamé jouait dans un salon traversé par des panthères et des léopards fort drogués. Cette alliance de plaisirs dut pleinement satisfaire Diaghilev, car on le revit durant les étés 1910 (année de la création de Shéhérazade et de L’Oiseau de feu, ainsi que du Bal persan chez la marquise Casati) – avec Nijinski et Benois –, 1911 (année de Petrouchka et du Lac des cygnes, ainsi que du Bal Longhi chez la marquise Casati), […] L’année 1913 – celle précisément du Sacre du printemps, ainsi que du Bal des Mille et unes Nuits chez la marquise Casati […]» (p. 359-360 Un Carnet vénitien de G.-J. Salvy)

Sa vie, les grandes lignes :
1881 : Naissance de Luisa Amman à Milan.
1900 : Mariage avec le marquis Camillo Casati Stampa di Soncino (1877-1946), séparation légale en 1914.
1901: Naissance de leur fille, Cristina
1903: Rencontre avec Gabriele d’Annunzio qui sera son amant.
1914 : Achat du Palazzo Venier dei Leoni
1923 : Achat du Palais Rose au Vésinet (ancienne demeure de l’écrivain et esthète Robert de Montesquiou)
1957 : Mort de Luisa Casati à Londres. À la fin de sa vie, elle avait cumulé une dette de 25 millions de dollars. 



Pour en savoir plus:

À lire: Infinite Variety: The Life and Legend of the Marchesa Casati, de Scot D. Ryersson et Michael Orlando Yaccarino, University of Minnesota Press, 2004 (1999).
Ce livre existe en français sous le titre de: La Casati : Les Multiples vies de la Marquise Luisa Casati aux éditions Assouline (2003) 
Des mêmes auteurs: The Marchesa Casati: Portraits of a Muse (2009) 

26 octobre, 2010

Du côté de chez Tiepolo...

M'étant levée de bonne heure, j'ai décidé d'aller explorer les environs
des Giardini tout au bout de Castello. Je me souvenais que Tiepolo
était né par-là mais je n'avais jamais été voir l'endroit. 







24 octobre, 2010

Un peu de couleur...

car le temps est gris ici...






Merci à Catherine Hédouin pour ces superbes photos!


22 octobre, 2010

21 octobre, 2010

Nouvelle parution

Merci à Alain de Destination Venise pour cette découverte!


Voilà Venise
Giorgio Gianighian e Paola Pavanini
illustrations par Giorgio Del Pedros

Venise est la ville idéale pour les enfants: pas de danger, pas de bruit, pas de circulation - ils peuvent donc prendre conscience de l’espace en toute liberté.
Toutefois, les petits touristes qui viennent la visiter avec leur famille la perçoivent autrement. La ville leur semble difficile, fatigante, et surtout incompréhensible: un Disneyland moins amusant que le vrai Disneyland.
Après avoir admiré les premières merveilles, ils s’étonnent et commencent à se poser toute une série de questions: comment les maisons et les palais peuvent-ils tenir debout? pourquoi le tissu urbain, qui est si dense, est-il percé de tant de places et de cours?
Et pourquoi y a-t-il un puits sur chaque place et dans chaque cour?
Pourquoi les cheminées ont-elles cette forme bizarre ? Et ainsi de suite.
Comprendre comment est faite Venise, comment elle fonctionne et comment elle fonctionnait, c’est la première étape pour pouvoir bien en profiter et s’y sentir heureux.


http://www.gambierkeller.com/scheda.php?id=22

Un autre livre à ajouter à ma liste d'achats. Celui-ci fera le bonheur de mon neveu et de ma nièce!
Il est disponible en plusieurs langues.





Collection: VENEZIAinPICCOLO
ISBN: 9788896224274
Traduit par Gabrielle Gamberini
Pages: 80
Dimensions: 18 x 25
Première édition: 2010
Prix: € 15.00

20 octobre, 2010

Au diable le train!



Visiblement la SNCF n'est pas intéressée à garder ses clients,
alors je vais voir ailleurs. J'ai acheté mes billets d'avion en espérant que
le voyage se fera sans trop de problèmes.
Déjà, le vogage sera moins long et plus confortable.
Je peux maintenant me concentrer sur l'essentiel: l'organisation du séjour!

18 octobre, 2010

Coup de gueule...



Je devrais présentement être en train de préparer tranquillement mon escapade vénitienne. Le B&B est réservé depuis juin, restait seulement à acheter les billets de train. J'ai d'adord appris qu'ils ne seraient pas disponible trois mois à l'avance et qu'il fallait attendre le 13 octobre. Ok. J'ai attendu. Le 13, je vais donc sur le site de SNCF (je me retiens pour ne pas dire de parolacce) et ça ne fonctionne pas. Pas moyen d'acheter de billets! Aucun départs ni retours après le 12 décembre, pas d'explication, pas moyen de savoir quand ils seront disponibles et la cerise sur le gâteau personne ne répond aux questions envoyées! 
Moi qui me faisais une joie de renouer avec les voyages en train, je sens que je vais bientôt laisser tomber et partir en avion. Non mais!? Je ne comprends pas pourquoi c'est si compliqué avec la SNCF? Les calculs ésotériques ne sont pas mon fort... Ça commence sérieusement à m'énerver! 

16 octobre, 2010

Clin d'oeil à Anne


À deux pas de l'entrée de la cour qu'Anne nous a présentée dans son dernier post.
On trouve dans ce palais la Galleria Michela Rizzo.






14 octobre, 2010

Corte del Papa


« La cour et les maisons qui l’entourent appartenaient à l’ancienne famille des Barbolani qui s’établirent ici vers la fin du VIIIe siècle. Les piliers de l’arc qui mène à la rive et à la porte qui la fermait sont du X-XIe siècle. Ici naquit en 1417 le pape Paul II (Pietro Barbo), descendant de cette famille. » (p.88, Trente itinéraires de Paolo Giordani)
« Il réconcilia les princes d’Italie et on frappa à cette occasion une monnaie avec la dédicace suivante : « Paulo II Pacis Italicae Fundatori ». Il mourut en 1471. Dirigez-vous vers la porte d’eau. À la base de la première arche vous remarquerez les anciennes frises en forme d’animaux et un peu plus avant, étrangement séparé du corps du porche, un portail en marbre rose : c’est ce qu’il reste de la porte d’eau de la maison des Barbo. » (p.113 et 115 Veneziaenigma, d’Alberto Toso Fei)
Plaque côté rio




12 octobre, 2010

Altri squeri


En écho à Aldo

Rio dei Mendicanti, Cannaregio

Dans le Dorsoduro

Rio dei Servi à Cannaregio


10 octobre, 2010

Campra, le "Vénitien français"

André Campra
le "Vénitien français"

 France Musique
Du 13 au 26 octobre  2010

Le soleil baroque
Comme Haendel pour l'Allemagne, qui fit lui le séjour en Italie, André Campra, né en 1660, mort à 83 ans en 1744, quasi écarté et oublié,  apporte à la France baroque ce parfum de Venise, inimitable, ensoleillé, festif et d'une sensualité parfois provocante.

Or le sémillant et malicieux abbé qui n'a cessé de vivre comme un Vénitien (toute son oeuvre tourne autour de la thématique vénitienne: le Carnaval de Venise en 1699,  l'acte italien, donc vénitien, de L'Europe Galante, puis la Sérénade Vénitienne et encore Les fêtes vénitiennes...) n'a jamais été en Italie!
Pour Campra, Venise est un mythe: le miroir et la quintessence d'une italianità qu'il maîtrise absolument. Comme Charpentier, il est conquis par l'Italie et en diffuse le parfum recomposé dans sa patrie... Son père était piémontais. A Aix, l'archevêque favorise l'italianisme: dans la Cathédrale Saint-Sauveur, le jeune André petit chanteur dans le choeur apprend ce bel canto méditerranéen qui restera sa marque. Devenu prêtre à 12 ans, il chante encore à Arles puis à Toulouse... avant  de monter à Paris dès 1694 (34 ans): il occupe le poste de maître de musique à Notre-Dame de Paris. Là, il écrit son Requiem en 1695 pour les funérailles de l'archevêque de Paris. Musicien en cour, il sert à Versailles, Le Roi-Soleil (sans jamais obtenir de postes cependant), puis Philippe d'Orléans (qui lui permet, enfin Louis XV.
A Versailles, Campra profite du changement de goût: Lully ne règne plus en maître et défenseur du style français; Louis XIV devenu pieux sous l'influence de sa nouvelle épouse Madame de Maintenon, apprécie  Lorenzani; quand Charpentier, italianisant connu n'obtient pas de poste à la Cour, Campra l'italien profite du goût méditerranéen qui règne à Versailles, privilégiant aussi les Mouret, Mondonville...
Comme Rameau, Campra a la bosse lyrique: en 1697, il écrit un premier chef d'oeuvre dont le genre promet d'être majeur avec Rameau, l'opéra-ballet L'Europe Galante.  Sa forme ouverte, propice à la fantaisie, contre le cadre si contraignant de la tragédie lyrique qui impose l'art redoutable de la déclamation,... fera école. Mais les marches du palais sont encore nombreuses... De fait, Louis XIV étant demeuré fidèle à ce qu'il a fondé avec Lully, ne peut être pleinement conquis que sur le mode tragique.  Qu'à cela ne tienne... Campra compose Hésione (1700) puis Tancrède (1702), enfin Camille (1717). Rien ne se passe: et Campra  sans reconnaissance durable (malgré le faible succès de Tancrède), se lasse.


Campra galant
Dans ses opéras, Campra célèbre l'amour, délices espérés, exaucés par Vénus et Cupidon. Pour eux, l'abbé a quitté la tutelle de l'église, oser le théâtre: Casanova et Da Ponte auraient pu lui souffler même un esprit licencieux: sensuel voire amateur des nudités langoureuses, Campra aurait été vu dans l'orgie du magasin de l'Opéra (à 70 ans!, invitant les belles callipyges à ôter les drapés cachant leurs divines courbes charnelles...). A Paris ses patrons sont scandaleux: Duchesse de la Ferté, surtout Duc de Chartes à la sexualité affichée, provocante, ... Il s'engage pour la muse tragique sans vraiment convaincre: Idoménée (1712) est  encore accueilli avec tiédeur.
Quand Philippe devient duc d'Orléans (1701), il est appelé à être ce Régent libidineux, après la mort du Roi en 1715 (et jusqu'à la 13è année du jeune Louis XV). Campra qui avait quitté capitale et honneurs -toujours remis- en revenant à Marseille (à l'Opéra) en 1714, est dès 1716 aux côtés du Régent. A 54 ans, le compositeur vit enfin sa véritable gloire: elle sera parisienne, éphémère mais intense.
Et puis le miracle se réalise: en 1722, Philippe lui obtient d'être nommé maître de musique à Versailles. Il y réadapte ses motets, compose de nouveaux accomplissements sacrés : Te Deum, De Profondis... dans le sillon exalté et exaltant du Requiem. Toujours passionné d'opéra, Campra devient inspecteur de l'Opéra en 1730: visionnaire au nez affûté et à la curiosité bénéfique, il sait favoriser Jephté de Montéclair, puis Hippolyte et Aricie de Rameau en 1733 dont il avait détecter le foisonnement génial ("il y a dans cet opéra assez de musique pour en faire dix").
Avec la mort de Campra en 1744, s'éteint le Soleil de la musique française, sous les coups virevoltants, rythmiquement flamboyants de Rameau. Une époque était finie. D'ailleurs dès 1743, la page était tournée: quand Rameau fait créer avec succès ses Indes Galantes, Campra échoue dans le genre tragique avec Achille et Déidamie. Le feu de la danse contre l'ennui de la déclamation tragique...



André Campra sur France Musique en octobre 2010:

Mercredi 13 octobre 2010 à 12h30 France Musique. Marais, François Couperin, Forqueray. L'Amoroso. Guido Balestracci, direction. Concert enregistré en octobre 2010

Jeudi 14 octobre 2010 à 12h33 France Musique. Leclair, Stück, Montéclair... Sonates et cantates. Ensemble Pulcinella. Concert enregistré en octobre 2010

Vendredi 15 octobre 2010 à 9h France Musique. Campra: Didon et Enée, 2è livre de cantates. Didon et les femmes... Amarillis, Iphigénie en Tauride... Ensemble Amarillis. Concert enregistré en octobre 2010

Mardi 19 octobre 2010 à 20h France Musique. Campra: Le Carnaval de Venise. Salomé Haller, Marina de Liso, Edwin Crossley-Mercer... Le Concert Spirituel. Hervé Niquet, direction. Concert en direct du TCE à Paris

Mercredi 20 octobre 2010 à 9h France Musique. Campra, Leclair, Blamont, Rameau... Freiburger Barockorchester. Gottfried von der Goltz, direction Concert enregistré en octobre 2010

Mardi 26 octobre 2010 à 9h France Musique. Campra: In convertendo, Requiem... Orc des musiques anciennes et à venir. Olivier Schneebeli, direction. Concert enregistré en octobre 2010

Palazzetto Bru Zane

Sur France Musique aujourd'hui: L'air des lieux de 16h-18h.

Le Palazzetto Bru Zane à Venise

Avec
- Nicole Bru, présidente de la Fondation Bru & du Palazzetto Bru Zane, Centre de musique romantique française
- Michèle Roche, secrétaire générale du Palazzetto Bru Zane
- Alexandre Dratwicki, musicologue, directeur scientifique du Palazzetto Bru Zane
- Anita Mitterer et Christophe Coin, altiste et violoncelliste (Quatuor Mosaïques)
- Raphaël Pidoux, violoncelliste
- Karine Deshayes et Nora Gubisch, mezzo-sopranos
- Caroline Mutel, soprano
- Sébastien d’Hérin, directeur musical des Nouveaux Caractères


Podcast disponible

07 octobre, 2010

Parco Savorgnan









Un endroit très calme de Cannaregio à quelques pas de la gare. Le parc a une superficie de 9500 m2 et comprend notamment une aire de jeux pour les petits, deux bassins, une jolie margelle de puits et plusieurs bancs. Le parc porte le nom du palais, situé au 349, "qui fut constriut à la fin du XVIIIe s. sur un modèle de Sardi et possède un magnifique jardin qui était autrefois orné de statues et de vases d'agrumes". (p.391, Paolo Giordani 30 itinéraires) Un endroit idéal pour lire ou écrire.