14 juin, 2010

La Venise de Vivaldi



Église San Giovanni Battista in Bragora

Cette semaine sur RSR Espace 2: La Venise de Vivaldi. Nouvelle escapade musicale!


13 juin, 2010

J- 7 mois...


Prochain petit séjour vénitien prévu en décembre!
Bonheur de retrouver Venise en hiver... en attendant, je
compte bien profiter de l'été qui est à nos portes.

10 juin, 2010

Promenades vénitiennes

Je remercie un de mes fidèles lecteurs d'avoir porté à mon attention cette série d'émissions diffusée cette semaine dans le cadre de l'émission Grandes Figures sur les ondes de France Musique. Les émissions sont en libre écoute durant 30 jours.

Arièle Butaux nous propose cinq délicieuses promenades vénitiennes.
Bonne écoute!



07 juin, 2010

Il Mondo Novo: lectures


Il Mondo Novo, tel est le titre d’une fresque qu’on peut aujourd’hui voir à la Ca’ Rezzonico à Venise, que j’ai vue il y a quelques années sans y prêter assez d’attention. Mes premiers voyages à Venise étant très courts, je ne prenais souvent pas le temps de m’arrêter, le temps pressait, je voulais tout voir. Résultat, on rate beaucoup de détails intéressants. Heureusement, après cinq voyages, j’apprends enfin à prendre mon temps. Je pourrai toujours revenir…
C’est un billet de Danielle qui m’a fait prendre conscience que je n’avais jamais vraiment pris le temps de regarder attentivement ce tableau intrigant. Au fil des lectures et des recherches j’ai fait plusieurs découvertes.
J'aurais bien aimé interroger Daniel Arasse et connaître sa lecture du tableau mais il nous a quitté trop tôt...
Que voit-on sur cette grande fresque qui fait près de 2 mètres de haut sur 5 mètres de large?
Un foule contenant environ une trentaines de personnes la plupart étant de dos à l'exception de deux personnages à droite du tableau, qui d'après certains critiques, représentent Giambattista et Giandomenico Tiepolo. Un seul personnage nous fait face tout à fait au centre de la composition: un nain ou un enfant? Difficile à dire. Puis, aux extrémités, à gauche Pulcinella et à droite une femme à l'éventail également de profil ferment la scène. Nous ne savons rien du spectacle qui les occupe...


Trois versions
Celle de la Ca’Rezzonico provient de la villa familiale des Tiepolo a Zianigo. Elle date de 1791. Six ans avant la chute de la République.
Mais si on retourne en arrière, en 1757, on en trouve une autre version. Un peu différente mais on reconnaît la base. Cette fresque se trouve à la villa Valmarana ai Nani non loin de Vicence.
On en trouve enfin une autre version de 1765, cette fois une huile sur toile, au Musée d’arts décoratifs de Paris.

Il Mondo Novo (détail)


Villa Zianigo (Mirano)
À l’intérieur, sur les murs peints à fresque par Giandomenico entre 1759 et 1797 se trouve une série de représentations exécutées selon des thèmes et des styles différents, riches aussi bien sur le plan biographique qu’en ce qui concerne la situation sociale et politique du temps.

Trois scènes grandeur nature et aux couleurs vives décorent le portego de la villa :
- le Menuet
- la Promenade
- Le Monde Nouveau

Elles semblent témoigner des nouvelles idées sociales qui se faisaient jour dans le milieu vénitien et qui permettent de situer un moment, bref mais significatif, de la vie politique vénitienne.

1906: la villa Zianigo appartient alors à Angelo Duodo qui décide de vendre la quasi totalité des fresques à l’antiquaire vénitien Antonio Salvadori.

À propos des fresques de la villa Zianigo : elles ne sont pas le produit d’une commande. Il s’agit d’une œuvre personnelle et privée qui n’était pas destinée au public. Le peintre s’est exprimé en toute liberté.

Suite à la vente des fresques à Salvadori, elles ont failli être vendues en France mais la transaction a été bloquée à la dernière minute par le Ministero alla Pubblica Istrizione puis rachetées par la Commune de Venise et par l’État italien. Elles passeront un certain temps au Musée Correr (1922-1935) avant d’intégrer la Ca’Rezzonico en 1936, endroit où nous pouvons aujourd’hui les admirer.

Promenade



Promenade : sont représentés de dos trois personnages qui se dirigent vers un but éloigné. Ressemblance avec les « citoyens » de la Révolution française par les vêtements et incarnent peut-être la nouvelle société qui, en reniant le passé auquel elle tourne le dos, se dirige vers un avenir riche d’espérance.

Menuet

Menuet : joyeux et irrésistible, certaine sympathie de l’artiste pour cette nouvelle aristocratie, représentée par les deux jeunes gens qui dansent sur un fond de paysage verdoyant.

Fresque dans la Ca'Rezzonico


Descriptions

Philippe Delerm: La bulle de Tiepolo (roman)
Mais Il Mondo nuovo, peinte à l’origine dans un anonymat complet, sur un des murs de la maison de la famille Tiepolo, commencée sans doute vers 1750 et terminée seulement en 1791, avait toujours intrigué les spécialistes par son atmosphère étrange, son mystère irréductible. Toute une foule, vue de dos ou de profil, assistant à un spectacle invisible. Au loin, la mer. Une facture surprenante. Des personnages saisis dans des attitudes familières au cours d’une scène publique. Mais on était bien loin de la fantaisie souriante de Longhi ou de Guardi, l’oncle de Giandomenico. Des bleus laiteux, des vestes crème, orange éteint, des robres beiges. Une espèce de hiératisme souple dans les courbes d’épaule, les ports de tête. La sensation que toute cette foule saisie dans l’énergie de l’instant dérivait en même temps vers un ailleurs silencieux, un espace onirique. (p.51-52)

Toutes les catégories sociales mêlées, du bourgeois ventripotent coiffé d’une longue perruque au Pierrot tout droit sorti des planches d’une commedia dell’arte, des femmes du peuple plantureuses penchées en avant à l’élégante chapeautée, une main sur la hanche. Mais le vrai secret, c’était le personnage grimpé sur un tabouret et qui tient à la main une longue badine, ou une espèce de perche, dont l’extrémité atteint le centre de la scène. Quel sens donner à son geste? (p.60-61)

Ils arrivèrent ainsi devant la villa Valmarana, aux murs curieusement ornés de statues de nains. […] – Soyez patient! Après je vous emmène dans le pavillon des invités, la Foresteria. […] Sur les murs de la Foresteria les scènes bucoliques de Giandomenico : les paysans, les paysages saisis come en abyme après leur promenade du matin […]. (P.75)

Il savait gré à Ornella de cette découverte, et déambulait, un sourire aux lèvres, dans les pièces de la Foresteria, quand tout à coup il s’arrêta, frappé de stupeur. Sur le en face de lui, c’était bien Il Mondo nuovo. Un autre Monde Nouveau. La même plage, les mêmes oriflammes plantées dans le sable, le même bâtiment à coupole, sensiblement plus détaillée. Les mêmes femmes de dos penchées en avant, mais dans des robes blanches. Moins de figurants, mais une espèce de géant vêtu de noir et de blanc, comme une pie monstrueuse. Et puis l’homme à la baguette. Les basques de sa veste pendaient pareillement, mais il n’avait pas de bicorne. Et tout au bout de son bâton… une bulle, une énorme bulle de savon légèrement cabossée, allongée par le vent, sans doute. Au travers, on voyait un bout de mur diffracté, un bout de plage, et le haut d’une robe. (p.76-77)


Fresque de la Villa Valmarana, 1757


Il Mondo Novo, Pietro Longhi, 1757


Il Mondo Novo, 1765, huile sur toile, Musée des Arts décoratifs, Paris.



« Le carnaval perdu. L’attraction la plus célèbre et la plus courue était cependant le Nouveau Monde, une ingénieuse petite machine, nous dit Goldoni :


« qui étale devant vos yeux des merveilles
Par la magie de miroirs optiques
Et vous fait prendre des vessies pour des lanternes.
Les inventeurs multiplient ces machines sur la Place,
Et le peuple comme fou, pendant le Carnaval,
Se presse tout autour pour regarder…
Pour un sou, on s’amuse, on s’esclaffe
On voit des batailles et des ambassadeurs
Et de régates, des reines, des empereurs. »


Pour les esprits rationalistes du XVIIIe siècle, le « Nouveau Monde », envahissant Venise sous forme d’une boîte magique remplie de décors et d’histoires fantastiques est l’emblème de l’illusion dans laquelle les popolani étaient, selon eux, volontairement maintenus. C’est dans cette illusion qu’ils voient la source naturellement équivoque, hypocrite de la gaieté populaire. […] la liberté vénitienne ne serait donc que ce « Nouveau Monde », invitation au voyage, mais illusoire, révélateur d’enfermement et d’immobilisme. Tel est du moins le message des fresques intitulées le Nouveau Monde que Giandomenico Tiepolo exécute à 30 ans de distance pour décorer des villas de Terre Ferme (villa Valmarana 1757) et villa Zianigo (1791). Que voir d’autre en effet dans la représentation répétée d’une population agglutinée autour d’une de ces baraques d’illusion, l’œil collé aux fentes des parois, tournant résolument le dos aux spectateurs que nous sommes, et dont seul le changement vestimentaire signale que le temps a passé? Le gouvernement utilisait le Carnaval pour libérer les énergies des groupes populaires en leur accordant un semblant de pouvoir. C’était sa fonction première. » (p.169-170, Venise au temps de Goldoni, Françoise Decroisette)

« Le Monde Nouveau n’était pas une simple boîte à illusion. Il signifiait le désir de l’ailleurs et de l’autrement. » p.251 (ibid.)



Il Mondo Novo (détail)

"Nouveau Monde : scène principale et la plus représentative qui dans notre cas, n’est pas une simple description d’un épisode habituel des foires de village. Figure du charlatan qui promet des images fantastiques et lointaines à la foule de nobles et des gens du peuple, fascinés par ses propos, est lourde de signification. Amertume, intention satirique à l’égard d’une société décadente. L’artiste semble observer, découragé, la foule qui accourt vers le Monde Nouveau, à la recherche de nouvelles illusions, d’une vie fausse et artificielle. Cette fuite de la réalité, représentée d’une façon impitoyable dans ses aspects les plus grossiers, et la vieille aristocratie, fat, vaniteuse et irresponsable. […] Ces êtres infatués, sans identité, qui se gaussent des aventures héroïques et des grands idéaux, deviennent les symboles de la fin d’une époque qui avait placé Venise, sa politique et sa civilisation au centre du monde." (Civilisation des villas vénitiennes, Michelangelo Murano et Paolo Marton, Ed. des Victoires, 1999.)



03 juin, 2010

Mariano Fortuny: La seta & il velluto


J'ai eu, lors de ce séjour, l'occasion de visiter le Museo Fortuny,
un endroit que je ne connaissais pas encore. On pouvait y voir une
exposition sur la soie et le velour. Je dois dire que l'expérience fut
quelque peu frustrante car je n'avais qu'une envie en voyant ces robes
magnifiques, enfin deux envies: celle d'en enfiler une et surtout l'envie
de toucher ces belles étoffes si délicates. Un plaisir pour les yeux!
Voici quelques photos prises "à l'aveugle" car on est adepte du "no foto" dans ce musée...







Montage de photos de Jean-Pierre Gabriel


L'expo se déroule jusqu'au 18 juillet 2010 au premier étage du musée.
Entrée: 9 euros
Fermé le mardi

01 juin, 2010

Riflessi






Est-il besoin de rappeler qu'à Venise le reflet est une subtile modalité de la couleur? C'est en quelque sorte la quatrième dimension de la couleur, sa version animée et transformationnelle. Non seulement les reflets des palais et des églises sur l'eau des canaux, mais les reflets de l'eau sur les façades et dans les pièces des demeures. Un continuel chassé-croisé. Ces incessants et tremblants miroitements des façades sur le rii. Ces perpétuels tressaillements et brasillements de lumières et d'ombres sur les murs de briques. La surface des eaux se fragmente en une infinité de petites facettes, et s'opère une abstraite décomposition, comme cubiste, des palais et des églises qui se brisent et se recomposent au gré des mouvements des petites vagues, qui se réfractent et se diffractent selon les remous, se rident et se retendent au rythme des ondulations, se désagrègent et se reconstituent. (Dictionnaire amoureux des couleurs de Venise, Alain Buisine, p.134-135)

En fait ce n'est pas simplement l'eau, reflétant l'infini et précaire morcellement des fragiles et tremblantes architectures, qui scintille au soleil: ses instables miroitements se répercutent à l'intérieur même des bâtiments, sur les murs et sur les plafonds qui eux-mêmes naviguent entre deux eaux. (Ibid., p.135)
Personnellement, je peux rester des heures à regarder ces jeux de formes et de couleurs sur la surface de l'eau, à tenter de les capter, de saisir leur insaisissable portrait mouvant.